ROMANS

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ROMAN N°01 : "L'école dont l'instit est un cancre"

Interview lors de la sortie du second tome:

 

Ed.Praelego-2ème volume

ROMAN N°02 : "le Lézard dans le buffet"(Extrait)

 

 

ROMAN N°3 : "Lucile Galatte ou le temps des gauloises bleues"

Amazon - La Fnac -

ROMAN N°04 : "Le bal des pourris"....

https://www.atramenta.net/ebooks/le-bal-des-pourris/1225

ROMAN N°05 : La Lieutenant au jupon rouge

ROMAN N°06 : Popaul, l'enfant qui voulait aller au ciel retrouver sa mère.

 

Le Pythagore éditions www.lepythagore.com

ROMAN N°07 :Sacré Popaul !

Le Pythagore éditions
www.lepythagore.com

ROMAN N° 08 :Popaulissime !

Le Pythagore éditions
www.lepythagore.com

ROMAN N° 09 Signé Popaul

Le Pythagore éditions
http://www.lepythagore.com

ROMAN N° 10 La carte à jouer

Compte-rendu du comité de lecture

ROMAN N° 11 La chair salée a disparu

https://liralest.fr

ROMAN N° 12 Riton le facteur et son chien Marcel...en tournée.



www.lepythagore.com

ROMAN N° 13 L'or de la Barse

https://liralest.fr

À lire

ROMAN N° 14 Popaul: scout toujours prêt!

http://www.lepythagore.com

ROMAN N° 15: Dis maître...Est-ce que tu veux bien être mon père?"

En attente de publication

 

ROMAN N° 16 .Et mon coeur de battre comme un joli p'tit tambour

http://www.lepythagore.com

ROMAN N° 17 : Un amour de Popaul En attente de publication
ROMAN n° 18:: Marie des Varennes En attente de publication
ROMAN n° 19:: Le maître d'école et la fille du vent En attente de publication
ROMAN n° 20:: Popaul et le p'tit vendeuvrois. En attente de publication
ROMAN n° 21:: Un petit soulier rouge dans la neige blanche

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ROMAN n° 22:: Qui en veut au coq du clocher? ¦À proposer à l'édition
ROMAN n° 23:: Le temps des loups À proposer à l'édition
ROMAN n° 24:: J'ai l'honneur de vous dire... que vous n'êtes pas invités à mes funérailles À proposerà l'édition
ROMAN n° 25:: Laurine

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ROMAN n° 26:: L'itinéraire d'un crétin À proposer à l'édition
ROMAN n° 27:: Les becs brûlants À proposer à l'édition

 

– LE CHALLENGE: PUBLICATION CHAQUE MOIS DE NOUVEAUX CHAPITRES ECRITS AU JOUR LE JOUR –

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SUPPORTER ÊTES-VOUS LÀ ?

Christian Moriat


CHAPITRE 1

 

Marinette


Elle est simple et discrète. Elle est humble et secrète. Elle est modeste et tout en retenue. Dans la rue, elle évite le contact et un rien la fait rougir. C'est une ombre. Un souffle léger . Une apparence. C’est Marinette… Marinette Legoédic qui passe, un livre sous le bras. À peine vous êtes-vous retourné qu'elle a déjà disparu.
Elle est auboise. Née à Varèges. Lors que ses parents, Yves et Marie, sont d’origine bretonne. C’était pour une question de travail qu’ils étaient venus s’établir dans l’Aube. Puisqu’ils avaient réussi à se faire embaucher à la menuiserie industrielle du village – laquelle est spécialisée dans la fabrication de portes et de fenêtres. Or, malgré les turbulences que l’entreprise traverse actuellement, ils espèrent que celle-ci sera à même de les conduire jusqu’à leur retraite. Vu que, de leur vie professionnelle, ils sont plus proches de la fin que du début.
Leur fille, par contre, est employée à la Maison de la presse. Où elle vend des mots. Un emploi qui parfaitement lui correspond. Et qui fait le bonheur d’Émile Tourneur, le gérant. Tant elle est diserte, dès qu’elle fait l’article des ouvrages à vendre - romans, pour la plupart, dont elle s'est fait une spécialité ; des anciens, comme des nouveaux.
Dire qu'elle connaît bien son sujet serait un pléonasme, vu qu'elle a tout lu. Ou presque. Ce qui a toujours étonné ses père et mère, vu qu'à part le journal qu'ils consultent au quotidien, il est rare que ces derniers se donnent la peine d' ouvrir un livre, davantage friands qu'ils sont, des « nouvelles ».
En revanche, jamais ils ne s'étaient opposés aux études littéraires que la jeune fille avait entreprises, une fois le baccalauréat obtenu avec mention « très bien ». Lequel lui avait permis d'ouvrir à deux battants les portes de la faculté de lettres de Reims.
Une fois sa licence en poche, obtenue à l'âge de dix-sept ans - excusez du peu -, elle avait eu le choix entre le professorat et un poste de bibliothécaire.
Or, enseigner à des adolescents truffés d’acné juvénile ne lui souriait guère. Quant à s'occuper des prêts, des retours et du rangement des publications, que ce soit en bibliothèque municipale, itinérante, universitaire ou en comité d'entreprise, elle trouvait la fonction peu affriolante. Car, plus administrative à son goût, qu'enrichissante et constructive.
Non. Ce qu'elle voulait, c'était vivre au milieu des livres. Et en parler - notamment aux personnes seules et aux écorchés de la vie. Afin de les extraire de la solitude qui mine leur existence. L'écrit étant un palliatif à l'humaine souffrance.
Ce sont effectivement de fabuleux compagnons. Qui soignent. Consolent. Guérissent. Et dépaysent.
Le livre, c'est une évasion. Une ouverture sur le monde. Un futur. Un encouragement. Un message d'espoir.
On le lit. On en rêve. On en parle.
Cependant, bien que notre amie soit réservée, dès qu'elle évoque « son petit dernier » à un client - celui qu'elle vient de terminer -, ce n'est plus la même. Finie sa retenue. Terminée sa gêne. Oubliée sa sobriété. Elle sort de son corps. Comme transcendée.
Son visage s'anime. Ses yeux s'illuminent. Et les paroles qu'elle emploie sourdent entre ses lèvres comme sources d'eau claire...
Elle vit dans l'intemporalité. Et l'espace, dont elle force l'horizon, s'ouvre sur l'infini.
Aussi lorsque, dans un sourire, elle ajoute que « lire c'est écouter les mots avec les yeux », l' argument fait florès, qui emporte l'adhésion.
Et le chaland, immédiatement conquis, est pris dans le rond du merveilleux. Tant elle a le don de convertir l’invraisemblable en semblable. Tant elle rend acceptable l’inacceptable. Tant elle a cette faculté de faire admettre l'imaginaire.
Elle a le don du partage. Et celui de convaincre. Bienheureux celles et ceux qui se laissent prendre avec elle, dans le tourbillon merveilleux et envoûtant du « voyage immobile » – la jeune vendeuse étant jolie, elle est d'autant plus crédible.
Aussi, à l'intérieur de la petite boutique, ce sont des déserts qui surgissent comme par magie. Avec des caravanes de chameaux chargés de musc, de sel et d' encens. Avec des cieux où scintillent des étoiles si proches qu'on peut les toucher.
Sa parole est d'or qui, entre deux présentoirs, fait apparaître des palais de grès roses dont chaque grain, qui constitue le composite, offre au soleil, sa brillance.
Elle fait surgir des châteaux où chaque porte ouverte est une invite à l'élégance, à la beauté et au raffinement, par le truchement de parements en marbre blanc, habillant l'intérieur de cours et de patios où dansent les jets d'eau.
Elle a cette faculté de dresser devant vous des mosquées tout en faïence bleue d'Iznik. Avec des minarets qui rivalisent de hardiesse et de grâce. Avec des centaines de fenêtres qui inondent de lumière ces saints lieux.
Vous parlez rajasthani. Vous échangez en arabe. Vous conversez en turc. Vous n'êtes plus à Varèges, mais au pays des princes du Rajasthan, chez les Mérinides de Fès ou dans les rues d' Istanbul.
Ce sont les lavandes mauves du désert d'Arabie Saoudite. C'est l'incomparable beauté de la Villa d'Este aux cent fontaines. C'est la fête des sakura, ou cerisiers roses du Japon du parc d'Ueno de Tokyo, où, assis sur des couvertures, touristes et Tokyoïtes perpétuent la pratique du hanami, en buvant des bols de saké.
Ce sont les hommes bleus du Niger.
C'est le Vieux de la montagne avec sa mystérieuse secte des Hashashins.
Ce sont les Juifs rouges du bout du monde, ceux qui, selon la légende, vivaient au-delà du fleuve mythique Sambation, au Nord-est de l' Asie. Puis c'est encore...
Tout se mêle. S'entremêle. Et s'enchevêtre. Les peuples. Les lieux. Les dates. Les romans. Les récits d'aventure. Tout s'est donné rendez-vous Maison de la presse de Varèges, où l' aimable vendeuse fait la promotion de l' ouvrage qui vient de paraître. Et qu'elle défend avec toute l'énergie dont elle est capable. Affirmant qu'il faut se le procurer. Parce qu' « il est le meilleur ». Forcément, puisque c'est le dernier.
Mais le plus beau - et elle vous le dira, le regard perdu vers d'invisibles lointains, connus d'elle seule -, n'est-il pas celui qui commence par « Il était une fois » ? Et qui se termine par « Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants » ? Tant elle éprouve une affection toute particulière pour les contes.
Aussi, n'est-il pas rare que, ivre de légendes et d'histoires, le visiteur, venu préalablement acheter le journal local, s'en retourne, un roman sous le bras. À la grande satisfaction de son propriétaire.

Marinette a l'amour de la lecture et de la vente, dont elle possède touts les arcanes. C'est elle qui approvisionne les étagères. Mettant en évidence les couvertures les plus originales et les plus avantageuses - accordant toutefois sa préférence aux auteurs locaux pour lesquels elle se bat, afin de les sortir de l'ombre. Et changeant les livres de place chaque semaine. Pour ne pas que la clientèle s'habitue. Et pour lui faire croire qu'il y a toujours du nouveau. Estimant également que tel ou tel, resté en arrière-plan, n'a peut-être pas la chance qu'il mérite. Et qu'il faut de suite y remédier.
C'est un constant renouvellement, propre à séduire le lecteur potentiel. Aussi n'hésite-t-elle pas à exposer « le préféré du jour » – si tant est qu'il le soit, vu qu'elle les aime tous –, à portée de caisse et de regard. Conseillant le visiteur, lors du paiement de son quotidien, de son magazine, du stylo, du paquet d'enveloppes ou du bloc de papier à lettre dont il vient de faire l'acquisition. Au moment précis où bâille le porte-monnaie...
– Prenez celui-ci. Je vous le conseille. Vous en sortirez autrement que lorsque vous y êtes entré. Et, avant que ne se profile le mot FIN, arrivé aux trois-quarts de votre lecture, vous feuilletterez le peu de pages, qu'il vous reste à lire. Et, avec regret, vous direz : « DÉJÀ... !? DOMMAGE ! » Et je vous en proposerai d'autres, tout aussi beaux. Le merveilleux, c'est un jardin qu'il ne faut pas laisser en friches. Puis vous deviendrez « addicts ». Le livre, c'est l'alcool du lecteur.

Marinette ne peut pas s'empêcher de lire. Elle a d'ailleurs toujours un ouvrage à sa portée. Qu'il soit dans sa main, dans son sac, dans sa poche, sur sa table de chevet ou dans son lit...
Ce n'est pas une manie. Encore moins un genre qu'elle se donne. Pour jouer à « l’intellectuelle ». C'est un besoin. Et aux heures de moindre affluence, Émile Tourneur sait, qu'en cachette, assise à même le plancher, elle lit entre deux présentoirs.
Mais il ne lui en fera pas reproche, tant elle participe à la réussite de son magasin. Puisque, même s'il leur en coûte en espèces sonnantes et trébuchantes, les gens viennent exprès pour elle. Ne serait-ce que pour s'entendre raconter une belle histoire.
Combien de clients qui, auparavant, ne lisaient pas, se sont mis à lire, grâce à elle.
Aussi n'est-il pas rare de voir les passants regarder à travers la vitrine, afin de s'assurer de sa présence. Et en cas d'absence – ce qui est rare –, le grelot du magasin qui ne grelottera pas, sera un crève-cœur pour le propriétaire.

Pour l'heure, Marinette, qui vit chez ses parents, est attablée dans la salle à manger familiale. Devant elle : magazines et prospectus, qu'elle découpe. Et qu'elle colle dans un grand cahier munis d'index alphabétiques.
Aujourd'hui, c'est la lettre « D » qui est concernée. Elle vient juste de coller la photo de Charles Dickens. Accompagnée de l'image du dernier livre qu'elle vient de dévorer : Les Grandes Espérances.
Après un bref aperçu de la biographie de l'auteur, rédigé à l'encre noir, elle énumère une partie de sa bibliographie, en surlignant de vert, les ouvrages qu'elle a lus, suivis d'une courte appréciation – Oliver Twist, David Copperfield, La Petite Dorrit, la Maison d'Âpre-Vent, sans oublier les aventures de Pip des Grandes Espérances –, et de rouge, ceux qu'elle compte lire prochainement – Les Temps difficiles, Le Magasin d'Antiquités et l'Ami commun.
Enfin, elle compose un bref résumé des mésaventures d'un Pip qui rêve d'échapper à sa triste condition de forgeron, à laquelle on le destine, afin de devenir un gentleman digne d’épouser la ravissante Estella, dont il est épris.
Banlieues misérables, conditions inhumaines, enfer de la classe ouvrière, ce qui lui plaît chez cet écrivain, c'est le réalisme de ses récits, avec tous ces héros, tous ces laissés-pour-compte, tous ces exploités du travail, qui n'ont que la combine et la resquille, pour se procurer leur pain quotidien, victimes qu'ils sont des lois édictées par la bourgeoisie égoïste et tout entière tournée vers le profit.

« La vie n'est pas facile pour Pip », commence-t-elle. « Orphelin, élevé à la dure, comment pourrait-il échapper à sa triste condition d'enfant de la campagne, destiné à bientôt devenir forgeron ? Comment réussira-t-il à forcer le sort, et favoriser ainsi son ascension sociale.... ?»

Il est tard. Ses parents, depuis longtemps, sont couchés. Et les yeux de la jeune fille, malgré elle, commencent à se fermer...
Demain sans faute. Demain, elle fera connaissance avec la petite Nelly et du Magasin d'Antiquités de son grand-père. Et elle tremblera pour eux lorsque ceux-ci seront en but à Daniel Quilp, l'affreux nain dont l'abjection n'a d'égale que sa cruauté.
Des larmes en perspective à verser pour elle.

 

CHAPITRE 2

 

Jérôme


Il est doux de caractère. Il est modeste et peu expansif. Mais prêt à l'écoute. Il est simple et serviable. Il est d'un naturel généreux. Plaisant et chaleureux.
Dans la rue, on ne peut pas le rater. Tant il est grand. Tant il est blond. Tant il est beau.
Tel est Jérôme Courcelles. L' ami des petits et des grands. Le gendre que toute belle-mère souhaiterait pour sa fille. Mais le jeune homme ne songe guère à fréquenter. Il n'a que dix-neuf ans. Et il est trop épris de liberté.

Bernadette et Michel, ses parents, sont Varégeois de pure souche. Et tous deux travaillent à la poste. Sa mère est au guichet. Son père est facteur. Et pour rien au monde, ils n'accepteraient de quitter le village qui les a vus naître. Ce ne sont pourtant pas les opportunités qui leur ont manqué. Bernadette allant jusqu’à refuser un poste de receveuse, qui pourtant, lui tendait les bras, dans une ville voisine. Car, ce que tous deux apprécient avant toute chose, c'est le contact. Vu qu'ils connaissent tout le monde. Et que tout le monde les connaît. Et les apprécie.
Toujours un mot aimable de la part de l'agréable guichetière, à l'intention d'un public venu affranchir une lettre, acheter un timbre ou déposer un colis.
Toujours à la disposition de ses compatriotes, de la part de son facteur de mari.
Apporter des médicaments aux personnes âgées - ce qui ne lui coûte guère, puisqu'il passe chaque matin devant la pharmacie, et que le pharmacien lui a tout préparé.
Mettre des gouttes dans l’œil de la mamie.
Faire réciter les tables de multiplication à un fils de paysans bouché à l'émeri.
Proposer des timbres.
Se faire remettre le courrier par un usager handicapé qui a des difficultés à se déplacer...
Toutes ces prestations, aujourd'hui héritières d'un temps hélas révolu, étant entièrement gratuites.
Aussi ne faut-il pas le chanter sur les toits. Et comme les préposés d'aujourd'hui sont contrôlés et leurs tournées chronométrées, ces contraintes obligent Michel Courcelles, à rivaliser d'astuces. Vu que, selon son credo, le rendement ne doit en aucun cas primer sur l'altruisme. Ce qui est tout à son honneur. Et il compte bien continuer ainsi, d'autant plus que pour l'instant, jamais il ne s'est fait prendre.
Quant à Jérôme, le fils, de par son ouverture, est à l'image de ses parents. C'est la raison pour laquelle, il est estimé au pays.

Question étude, ce dernier vient d'échouer à son baccalauréat littéraire. Et il a du mal à digérer cette déconvenue. Aussi voit-il avec regret s'éloigner la perspective d'intégrer une école de journalisme, qu'il appelle de tous ses vœux, et ce, depuis sa plus tendre enfance. Vu que, passionné de sport, il souhaite entreprendre une carrière de journaliste sportif.
Mais rien n'est perdu. C'est la raison pour laquelle, il met à profit ses vacances pour réviser. Afin d'obtenir le précieux sésame, qu'il espère obtenir, lors de la cession de rattrapage de septembre.

Ses parents l'avaient pourtant prévenu qu'il courait à la catastrophe. Parce que leur fils a une fâcheuse tendance à la dispersion. La preuve en est, c'est qu'après des débuts prometteurs en judo, discipline qu'il a été contraint d'abandonner faute de temps, il pratique actuellement le football au sein de l'équipe du village - laquelle évolue en quatrième division, sans toutefois participer à tous les matches, pour la raison précédemment indiquée.
Comme on peut donc le constater, notre ami a bien du mal à se concentrer sur un objectif précis. Ce qui n'est pas son moindre défaut.
En effet, outre ses études, en supporter de l’Olympique de Marseille qu'il est, et de par son appartenance au cercle des Yankees de Champagne, il assiste également à la plupart des matches de son club favori, au stade Vélodrome... ou ailleurs - en France et parfois même à l'étranger, lors des championnats d'Europe.
Partant le samedi matin pour Bar-sur-Aube, en compagnie d' un aficionado comme lui, possédant voiture et permis, ils prennent tous deux un car, dès quatre heures du matin, Place de l'Hôtel de ville ; lequel les conduit tambour battant dans la cité olympienne. Pour être de retour le dimanche suivant, à l'aube des sept heures.
« Une véritable épopée ! » déclare sa mère. « Une vie de patachon », comme le répète son père – lorsqu'il joue l'après-midi, avec L’Étoile de Varèges !
Par contre,celui-ci le laisse faire. Vu qu'il adore à ce point son fils unique, qu'il s'est résolu, depuis bien longtemps, à se plier à ses quatre volontés.

Pas de temps-morts donc pour le fiston. Pas de quoi souffler. Aussi n'est-il pas facile pour lui d' être en forme et de suivre une scolarité normale. Et le lundi suivant, n'est-il pas rare pour ses camarades, de le voir dormir sur les bancs du lycée de Bar. Alors que l'heure de la récréation a sonné depuis longtemps. Comme quoi son échec au baccalauréat était annoncé d'avance.

Pour l'heure, il travaille à la menuiserie industrielle, car faire partie des Yankees a un coût non négligeable, qu'il lui faut bien financer. D'autant plus que ses géniteurs ne l'aident pas. Lesquels sont en outre fort marris de le savoir sur les routes. Tant ils redoutent d' éventuels accidents. La jeunesse de Varèges ayant payé en la matière un lourd tribu, avec la perte de quatre jeunes fêtards, qui, dernièrement, ont percuté un arbre, de retour de boîte de nuit. Ce qui n'est pas fait pour les rassurer.
Néanmoins, comme les chauffeurs de cars ne boivent pas, qu'ils sont deux et qu'ils se relaient, tant à l'aller qu'au retour, ils ont fini par se raisonner.

Question finance, en effet, la note est plutôt salée pour le jeune homme. Car, outre l'adhésion à son club de supporters, il doit également régler les frais du voyage aller-retour, ainsi que le billet d'entrée au stade. Sans oublier le repas pris au restaurant du club, le sandwich du soir et les immanquables verres de bière, ainsi que les éventuels achats inhérents à la panoplie propre à tout supporter qui se respecte.
D'autre part, comme il compte bien passer le permis de conduire, il profite des vacances dont il dispose, petites ou grandes, pour mettre de l'argent de côté. Tout ceci étant rendu possible par la grâce d'un employeur accommodant et ultra conciliant, amoureux fou de football comme lui. Lequel l'encourage autant qu'il peut. Sa fonction de Président de L’Étoile expliquant sans doute cela.
Quand on vous disait que l'ami Jérôme a un emploi du temps de ministre !

S'il advient qu'un jour il vous reçoive dans sa chambre, nul doute que vous serez surpris par le véritable culte qu'il voue à l'OM.
Outre les posters de footballeurs de son équipe fétiche et les affiches qui s'étalent sur les murs, au milieu d'écharpes et de banderoles, nombreux sont les magazines, ouvrages, albums et autres brochures entassés plus que rangés, qui, sous le poids, font plier les étagères jusqu’à friser l'arc de cercle. Sans oublier sa collection de maillots revêtus par les plus grandes stars – des répliques pour la plupart, pendues à des cintres dans un placard aménagé en penderie, à côté de tee-shirts, de coupe-vents et de doudounes puis de gants, de casquettes et de bonnets posés à même sur des rayonnages depuis long de temps saturés. Ainsi que divers objets exposés derrière des vitrines, tels que porte-clefs, mugs, verres à bière, sous-bocks, vide-poches, cendriers, briquets, fanions, trousses, pins, insignes, bracelets, le tout estampillé « OM », sans omettre photos, cartes postales, programmes, anciens tickets de matches d'anthologie, puis diverses figurines plus ou moins grossières, à l'effigie des joueurs, ainsi que le célèbre trophée en miniature de la Ligue des Champions de 1993, remporté par les Olympiens sur l'AC Milan, au Stade Olympique de Munich, grâce à la tête victorieuse de Basile Boli. Ce dont il n'est pas peu fier.
S'il n'y avait que cela ! Mais Jérôme, en irréductible qu'il est, dort dans des draps également imprimés « OM ». Sa tête reposant sur des taies d'oreillers, où il est écrit « Droit au but », en toutes lettres.
Cela ne s'invente pas !
Aussi la couleur de ses rêves ne saurait souffrir d’aucune ambiguïté ; lesquels ne pouvant être qu'en bleu et blanc. Forcément.

Pour l'heure, il est attablé à la grande table de la pièce familiale commune. Devant lui : un vrac de magazines et de prospectus, qu'en parties il découpe. Et qu'il colle dans un grand cahier munis d'index alphabétiques, intitulé : « OM ANNÉES 1979 – 2000. Il s'est arrêté à la lettre «L ». Et il vient juste de coller la photo de Jérôme Leroy, le milieu de terrain natif de Béthune. Accompagné d'un bref extrait de sa carrière et de son palmarès. Avec, notamment ses différents passages dans des clubs français et étrangers, ainsi que ses « stats ». Sans omettre quelques anecdotes dont Jérôme est amateur. Car, il adore entrer dans l'intimité des joueurs. C'est la raison pour laquelle, il a relevé l'une des friponneries d'un Leroy expert ès- facéties, dont l'une consistait à s'être fabriqué de faux protège-tibias en carton, afin de duper les arbitres lors du contrôle des équipements – en matière d'inconscience, et pour l'intégrité physique du joueur, on peut difficilement faire mieux.

Après, à la toute fin du cahier, il n'oublie pas de mettre à jour le classement de la saison en cours. Ce qui lui donne l'occasion de calculs innombrables, de supputations fantaisistes et d' hypothèses extravagantes. « Buts marqués »... « Buts encaissés »... « Goal average... » Il compte. Évalue. Se trompe. Recompte. Tant actuellement, les résultats obtenus sont en dents de scie. Malgré une victoire encourageante contre Manchester United, sous l'ère Courbis.
Il rêve. Il souhaite. Il s'attend à une réaction d'orgueil de la part de son équipe. De façon à ce qu'elle puisse réintégrer le gotha européen. Piédestal sur lequel elle était montée. Et qu'elle n'aurait jamais dû quitter. Alors qu'une possible rétrogradation se profile à l'horizon. Ce qu'il redoute par dessus tout. Vu qu'une descente en seconde division entraîne immanquablement un affaiblissement des appuis financiers avec moins de subventions de la part de la ville, moins de sponsors, moins de têtes d'affiche, moins de public et de facto, moins de spectacle. L'horreur pour les aficionados olympiens.
« Tout, mais pas cela ! », tel est est leur leitmotiv.

Bref, Jérôme rêve d'un retournement de situation. C'est la raison pour laquelle il compte, par sa présence, par ses cris et ses encouragements, remplir son rôle de « douzième homme », afin de stimuler des joueurs en plein doute et leur apporter ce supplément d'âme qui, grâce à l'effort des supporters et à son propre investissement va – il n'en doute pas – les transcender.
Aussi se prend-il pour l' entraîneur actuel – le Brésilien Abel Carlos da Silva Braga.
Ah ! Si seulement celui-ci consentait à lui prêter une oreille attentive, cela se passerait autrement. Ainsi, à sa place, aurait-il fait jouer celui-ci. Retiré celui-là. Quitte à lancer des jeunes issus du Centre de formation – il en connaît à qui on a donné leur chance, par le passé. Mais l'expérience, selon lui, n'a jamais été menée à son terme. Ce qu'il déplore.
Puis, Untel est trop lent. Quant à tel autre, il est si « perso », qu'il joue tout seul. Quant au troisième, qui est incapable de garder le cuir, il est si rapide que, lors des montées de balle, ses partenaires peinent à le suivre.
Après, il y a ceux qui courent dans le vide, et qui ne tiennent pas la distance, et qui n'ont pas quatre-vingts dix minutes dans les jambes. Enfin, il y a les arrières qui ne montent pas assez pour soutenir les attaquants. Puis il y a trop de flottements entre les lignes. Lesquelles sont coupées en deux. Pour les corners, c'est pareil. Il faut absolument mettre quelqu'un au second poteau. Il y a Machin qui est « mauvais de la tête ». Il y a Truc qui tergiverse avant de tirer, et qui se fait chiper la balle à chaque fois. Enfin, il y a ceux qui sont incapables de cadrer. Toujours les mêmes ! C'est une véritable catastrophe. Ce ne sont pas des tireurs. Ce sont des « arroseurs » ! Pan ! À droite. Pan ! À gauche. Pan ! Au-dessus. Sans oublier Chose qui tombe tout le temps pour tenter d'abuser l'arbitre et bénéficier d'un coup-franc, qu'il n'obtient rarement. L'homme en noir n'étant pas dupe – ce qui ne l'empêche pas de recommencer. Las ! le temps de se relever, qu'il y a déjà but contre son camp.
Ah ! Si seulement, on l'avait consulté lors du mercato ! On n'en serait pas là !

Il est tard. Ses parents, depuis longtemps sont couchés. Et ses yeux à lui, sont en train de se fermer.
Suffit pour aujourd'hui. Samedi, il y a match – l'Olympique de Marseille contre le LOSC étant au programme.
« Trois à zéro » ! C'est ce qu'il a pronostiqué. Des Lillois, l'OM ne devrait en faire qu'une bouchée ! Sinon, ce serait la honte.

Et notre ami de pousser la porte des songes. Où il entrevoit des tas de ballons qui fusent dans sa chambre. Avec le bruit si caractéristique du filet qui tremble – le gardien de but n' y ayant vu que du feu. Et celui des coups de sifflets intempestifs d'un directeur de jeu virevoltant, tout droit sorti des Ballets Moïsseïev, mêlé aux hurlements d'une foule déchaînée, foule dont il fait bien évidemment partie.


CHAPITRE 3

 

Marinette au lac


Nous sommes en août. Comme les précédents jours, Marinette ne sera pas à la Maison de la presse aujourd'hui. Celle-ci vient de temporairement fermer ses portes. En cause : les congés annuels. À charge pour les Varégeois de se rendre à la ville voisine pour des emplettes de première nécessité. Mais le manque de stylos à racheter, le besoin urgent d'enveloppes ou de papier à lettres à se procurer, ou bien encore l'achat de magazines, attendront. Quant aux deux quotidiens « Libération Champagne » et « L’Est-Éclair », la boulangerie du village en ayant accepté le dépôt, les lecteurs ne seront pas privés de leurs chères nouvelles.

La jeune fille, chapeau de paille sur la tête est en train de regonfler les pneus de sa bicyclette. Dans ses sacoches, outre « Marie des Varennes» de Claude Berthelet, l'écrivain local, elle a emporté une bouteille d'eau minérale, un repas froid ainsi que des serviettes de plage, une brosse à cheveux et des vêtements de rechange, car elle a l'intention de joindre l'utile à l'agréable en se baignant. Tant la journée d'aujourd'hui a été chaude.
Il est dix-sept heures. En route pour Méraulot et la plage du Lac du Levant.
Elle apprécie ces promenades à bicyclette, le soir, à l'heure où la chaleur observe une mini-trêve. Même si, après coup, cela l'oblige à un retour nocturne. Mais cela ne la dérange pas. Vu qu'elle n'est pas peureuse. D'autant plus que, sur sa route, elle a parfois la chance de croiser chevreuils, renards ou sangliers, dont les yeux luisent dans les fossés à la lumière de l’unique phare de son vélo ; lequel, contrairement à la plupart des deux-roues, est particulièrement puissant.
Toutefois, ce à quoi elle ne songe pas, étant d'humeur inconséquente, c'est qu'elle pourrait crever. Ce qui la contraindrait à rentrer à pied – une quinzaine de kilomètres, au bas mot. Car, coller une rustine à une chambre à air endommagée, en pleine nuit, et au bord d'un fossé, relèverait de la gageure. Même avec un kit de réparation. Même par temps de lune ronde.
Sans compter les éventuelles mauvaises rencontres qu'elle serait susceptible de faire. Si tant est que les nombreuses pièces d'eau, qui font le charme de notre belle région tournée vers un tourisme non seulement régional mais également étranger, n'attirent pas toujours des personnes bien intentionnées.
Malgré tout, s'il fallait songer à tous les malheurs qui pourraient arriver, autant rester chez soi. C'est ce qu'elle se dit bien des fois, pour répondre aux craintes maintes fois formulées par ses parents. Ce qui, hélas pour eux, ne l'empêche pas de récidiver.

La jeune fille de mener bon train. Corsage au vent. Et chapeau de paille sur la tête, retenu par un cordon jugulaire, pour éviter de le perdre en cours de chemin. Avec pour seul bruit, le roulis feutré de la gomme sur l'asphalte.
Dans trois quarts d'heure-une heure, elle sera sur la plage. Heure tardive pour des vacanciers qui, après avoir plié bagage, commencent à rejoindre leurs tentes, leurs caravanes ou leurs gîtes, libérant ainsi les lieux. Au grand bonheur de celles et de ceux qui veulent profiter du fabuleux spectacle du soleil couchant et de ses reflets fardant la surface du lac.
Il fait encore clair. La nuit ne tombera pas avant dix heures. Aussi aura-t-elle le loisir de se plonger, non seulement dans l'eau mais aussi dans le roman qu'elle a emporté.

La Nationale... Personne au Stop – c'est rare. Elle peut traverser. C'est qu'il faut faire attention. Les automobilistes roulent comme des fous... Rue de L'Armée du Général Pommard... Le pont où paresse une Verste, au cours indolent, freinée qu'elle est, par les callitriches et autres lentilles d'eau qui encombrent son lit... Tout droit... Toujours tout droit... Elle laisse de côté la pharmacie Dandrède, puis la rue Delmasse... Attention, autre point névralgique, face au Garage Peugeot... ! La Nationale, qu'elle doit de nouveau couper pour prendre la route de Puygras, via la rue D'Embleuse... Personne devant, personne derrière – quelle chance ! –... Voilà qui est fait... Après, c'est du petit lait. Le pont du cimetière à gauche... La scierie à droite... La rue des deux Hospices qu'elle laisse de côté, puis le golf du Prieuré... Ensuite, c'est le domaine de la grande forêt... Pédale Marinette... Pédale... La jeune demoiselle a de bonnes jambes... Elle passe entre l' Étang de la Caille et celui de Monplaisir... Dépasse La Folie Templière... Arrive au Carrefour du Bercail avec sa Maison du Pâtis, l'ancienne ferme champenoise, qui vante les curiosités locales en proposant, outre de nombreuses expositions, des produits artisanaux, ainsi que de la documentation et des informations touristiques... Ensuite, c'est la Route forestière des Chevaliers à droite... Puis l'ancien pavillon de chasse à gauche... Elle passe entre Le Lac de L'Azuron-Chevalier et l'Anse aux Pierrots… Enfin, Méraulot et le Lac du Levant ! Son camping... Sa plage... Ses snacks... Ses restaurants... Ses magasins qui vendent cartes postales, souvenirs, bouées, matelas pneumatiques gonflables, et nécessaires de baignade... Ses aires de jeux, de farniente et de pique-nique.
Dans l'eau, deux ou trois pédalos se sont endormis, comme retenus par du ruban adhésif, une demi-douzaine de baigneurs qui profitent encore des derniers rayons du soleil, en effectuant encore quelques brasses apathiques, puis les cris aigus d'enfants surexcités... Tandis que d'aucuns, chair de poule, corps bleu de froid, dents qui claquent, dos et jambes de sable encollés, regagnent précipitamment le bord engazonné, pour se sécher, dans de grandes serviettes de bain. Le tout sous l’œil vide de ces quelques ceux qui se demandent en bâillant, ce qu'ils vont manger ce soir.
Trop de monde encore pour elle. Trop d'agitation aussi. Notre amie, de ne pas s'attarder et d'emprunter le chemin du Fort Saint Preux, de l'autre côté de L’Aiguille aux Moines, un endroit peu fréquenté, car plus à l'écart.
Zut ! Encore des gens qui ne sont pas pressés de déguerpir. Aussi choisit-elle de continuer jusqu'à l'Anse de Paty, près de la Presqu'île de la Petite Rome....
Ouf, le silence ! Enfin !

Marinette a chaud, qui vient d'appuyer son vélo contre un arbre. Elle étend sa serviette par terre, sort son livre, se dévêt et se retrouve en maillot de bain. Puis plonge timidement un orteil dans l'eau froide. Le passage brutal entre le chaud et le froid la saisit. Il faut y aller prudemment. Ce qu'elle fait. Elle patiente. Le temps de laisser son corps prendre la température du bain. Elle qui, tout à l'heure, était en nage.
Elle mouille bras et jambes. S'administre deux ou trois claques. Voilà ! C'est mieux à présent. Puis elle s'allonge à la surface de l'eau, regard pointé sur un soleil qu'elle entrevoit au travers de ses cils.
Moment de détente, de sérénité et de silence, qu'elle aimerait partager. Mais avec qui ? À part ses bouquins, Marinette n'a pas d’amies. C'est peut-être une des raisons pour laquelle elle est devenue une « boulimique de lecture ». Car, un livre, c'est toujours une compagnie. Un ersatz à l'ennui et à la solitude, en quelque sorte.

Elle effectue quelques brasses. Puis, fraîche comme une rose, bien qu'un peu fatiguée et par les kilomètres et par l'effort, la voici qui s'enroule dans sa serviette, se sèche et se change. Avant d'entamer le premier chapitre de Marie des Varennes, la vie d'une naine, qui devient rapidement la souffre-douleur de la jeunesse cruelle et désœuvrée d'un village de l'Aube reculée. Le style est simple, émouvant et sans fioritures. Propre à toucher la sensibilité de la jeune lectrice.C'est en effet le genre de récit qu'elle affectionne. Tant elle est sujette à un sentimentalisme exacerbé. Prenant toujours fait et cause pour l'humanité fragile. Et montant sur ses ergots dès que le faible est en but à la bêtise et à l'injustice. Ce qui est le cas dans ce roman, qui tant lui plaît, qu'elle en oublie de s'alimenter, oubliant le petit en-cas qu'elle avait pris soin d'emporter dans l'une de ses sacoches.
Mais peu lui chaut. Ce dernier ne risquant pas de refroidir...


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