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– LE CHALLENGE: PUBLICATION CHAQUE MOIS DE NOUVEAUX CHAPITRES ECRITS AU JOUR LE JOUR –
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LE GRAND RETOUR Christian Moriat
Chapitre 1
Le voyage
Vient ensuite le chaos. Celui des
villes traversées. Avec partout de la pierraille. Des montagnes
de gravats encombrant les rues. Des toits effondrés. Des
quartiers entièrement rasés où de rares chicots
branlants pointent un doigt désespéré en direction
d'un ciel de Toussaint. Sinon tout est blanc. Mais ce n'est pas la couleur du camp, en permanence souillé du rouge des blessés battus à mort, du jaune des urines sur la fange et du brun des excréments. C'est une neige franche, honnête et sans pestilence. Qui en vain tente de dissimuler l' horreur. Noir est le souffle que crache une locomotive à bout de souffle, que vent emporte par dessus nos têtes. Toutefois, bien qu'elle soit noire, son haleine ne sent pas la viande brûlée. Silence dans les champs. Nulle plainte.
Nul cri. Nul hurlement. Nulle détonation. Pas d'aboiements
non plus. Ce qui tranche avec le ahanement d'une machine à
vapeur tirant péniblement un convoi qui peine dans les montées,
pour dans les descentes, s'enfoncer comme un coin, dans le mutisme
de la plaine. Puis le râle des agonisants qui trouble l'apparente
ataraxie qui règne sur le plateau du wagon. Chacun étant
préoccupé par sa propre survie. La mort des autres
est commune, qu'on a appris à apprivoiser. Avec fatalisme.
Mais sans empathie. Quelques taches sombres. Des corbeaux.
Les tout premiers oiseaux que nous avons vus. Derrière les
barbelés, il n'y en avait pas. La puanteur noire des crématoires
les en ayant détournés. De même que les clôtures
électrifiées. À quoi bon le passé
proche ressasser. Le futur davantage concerne. Mais n'est guère
pour nous autres détenus. Même le présent ne
nous appartient pas. Nous roulons de jour. Nous roulons
de nuit. Tous feux éteints. Avec un train qui n'arrête
pas de s'arrêter. Et qui n'en finit pas de repartir. un détour
par ici. Un autre par là. Le voyage n'est pas rectiligne.
Tant sont nombreux les obstacles qui jonchent le rail. Pas de place non plus pour l'illusion.
Ayant enduré l'enfer, ce n'est pas pour nous conduire au
paradis. On n'y a pas droit. En matière de cruauté,
maudite soit cette race a l'inventivité inégalée. J'ai souvenir de compagnons de misère
s'attaquant à un berger allemand en maraude - seule espèce
à se complaire en notre camp -, connu pour son extrême
cruauté, dressé qu'il avait été avec
une science consommée du dressage, pour avec succès,
exercer son rôle de prédateur. D'aucuns délirent sur le plateau du wagon sur lequel nous sommes entassés. D'autres pleurent. Pour ceux à qui il reste des larmes. Mais ils sont rares. Nombreux sont ceux qui ont la souffrance muette. Au milieu, une tinette a été
mise à notre disposition pour satisfaire les besoins des
"voyageurs" que malgré nous nous sommes - pauvres
hères en transhumance forcée. Pleine à ras-bord
a été la gogue, avant que d'avoir été
renversée à cause des arrêts multiples, des
soubresauts, des maladresses de malheureux en manque d'espace vital,
ou simplement en raison de leur précipitation à vouloir
se soulager. Dysentériques pour certains, le temps d'enjamber
l'entassement des corps allongés et la distance, la plupart
font-ils sous eux. D'où la boue liquide et malodorante qui
tapisse le plancher et sur lequel chacun de nous repose. Tacata...tacata...tacata. 1. Krankenrevier : Nom donné par les déportés des camps de concentration au baraquement destiné à recevoir des malades Bouches ouvertes, nous happons la
tombée des flocons. Tant nous sommes altérés.
Lors que mes voisins lèchent les bords enneigés de
la ridelle, au risque d'avoir langue collée au métal
gelé. Ce qui ajoute de la douleur à la douleur. Je
sens quelque chose derrière moi. Je me retourne. Et j'aperçois
l'un d'entre eux qui, ne pouvant se relever, s'appuie sur un coude,
pour lichailler mon dos, de la poudreuse qu'il recouvre. J'ai faim. La fringale nous tiraille
l'estomac. La maigre tranche de pain donnée au moment du
départ, a vite été oubliée - depuis
trois jours on roule -, malgré l'épargne que nous
en avions faite, en la fractionnant pour précieusement la
garder plus longtemps. Dans la poche ou dans la bouche. Avant de monter dans le train, on
nous avait fait grimper dans des camions. Certains étaient
bâchés. D'autres pas. Lors que soufflait un vent glacial. Puis, on a roulé, roulé. De bric et de broc. Dans la plus totale
improvisation avait été constitué le convoi,
avec wagons plats, arrimés à ceux de voyageurs, de
marchandises ou de bestiaux. Tout est bon à nos bourreaux
pour le transport d'une marchandise sans valeur comme la nôtre. C'est un wagon ouvert. Par bonheur,
j'avais pu ramper pour atteindre la ridelle qui, durant le 1. En allemand "Muselmann"
: Déportés en état d'extrême faiblesse,
proches d'une mort imminente.
1. Barres verticales disposées
à la périphérie d’une plate-forme pour
retenir les charges de grande longueur telles que grumes
ou rails.
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