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Épuisé | ||
Ed.Praelego-2ème volume |
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ROMAN N°02 : "le Lézard dans le buffet"(Extrait)
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ROMAN N°3 : "Lucile Galatte ou le temps des gauloises bleues" |
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ROMAN N°04 : "Le bal des pourris".... | ||
ROMAN N°05 : La Lieutenant au jupon rouge | Épuisé | |
ROMAN N°06 : Popaul, l'enfant qui voulait aller au ciel retrouver sa mère.
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Le Pythagore éditions www.lepythagore.com |
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ROMAN N°07 :Sacré Popaul ! |
Le Pythagore éditions |
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ROMAN N° 08 :Popaulissime ! |
Le Pythagore éditions |
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ROMAN N° 09
Signé Popaul |
Le Pythagore éditions |
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ROMAN N° 10 La carte à jouer | ||
ROMAN N° 11 La chair salée a disparu | ||
ROMAN N° 12 Riton le facteur et son chien Marcel...en tournée. |
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ROMAN N° 13 L'or de la Barse | ||
ROMAN N° 14 Popaul: scout toujours prêt! | ||
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ROMAN N° 16 .Et mon coeur de battre comme un joli p'tit tambour | ||
ROMAN N° 17 : Un amour de Popaul | En attente de publication | |
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ROMAN n° 24:: J'ai l'honneur de vous dire... que vous n'êtes pas invités à mes funérailles | À proposerà l'édition | |
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ROMAN n° 29: Les niaiseux | Proposé à l'édition | |
ROMAN n° 30: Jeanne et ses chats |
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CHAPITRE 3
Avant tout, il est une chose à
savoir. C'est qu'à Varèges, les défunts ont
l'instinct grégaire. Aussi, d'un commun accord, ont-ils décidé
de mourir par trois. Le courage leur ferait-il défaut
au moment du grand saut, qu'ils ont besoin de s'y mettre à
plusieurs pour le tenter ? De toute façon, comme un jour
ou l'autre, il faudra bien y passer, mieux vaut mourir de concert.
"Ça aide !" comme on dit au pays. Pour celles et ceux qui ont beaucoup à perdre, cela peut se comprendre. Parce qu'il faut bien reconnaître que cela n'est pas rien de tout quitter, séance tenante - argent, honneur et gloire -, lorsqu'on est doté de ces doux privilèges, qui rendent la vie si sympathique. C'est sans doute la raison pour laquelle, les "appelés" préfèrent-ils être accompagnés pour rendre visite à Saint Pierre. Afin de leur donner du courage. Seuls, ils n'oseraient pas. Paralysés
qu'ils sont par la peur. À l'image de ces chevaux pilant
devant l'obstacle, lors de courses hippiques. Vu qu'ils ne savent
pas ce qu'ils vont rencontrer derrière - péchés
pardonnés... ? bien-être physique et moral assuré...
? allégresse garantie... ? éternel bonheur annoncé...
? le tout promis par un curé, dont il faut de lui, avoir
grande méfiance ; d'autant plus que de l'Au-delà,
il n'en connaît pas plus que les autres, vu qu'il n'a jamais
foulé les vertes allées du Jardin d’Éden. Bref ! Pour en revenir à nos "appelés" Il ne faut pas sous-estimer l’angoisse du départ. Certains faisant même de la résistance dans l’improbable espoir que la grande faucheuse les aura oubliés. Que nenni ! Elle a de la mémoire, la bougresse ! Or donc, si le proverbe "Mieux
vaut vivre seul, que mal accompagné", en ce qui concerne
la mort, il est inapproprié. "Mieux vaut mourir groupé,
même en mauvaise compagnie ", sied davantage. Aussi dans
ce cas-là, vive le nombre ! Peu nous chaut la qualité. Il n’appartient qu'aux indigents, aux modestes et aux "sans-grades", de tout quitter au singulier. Et ceux-ci de ne point s'en émouvoir, vu que, ne possédant rien sur terre, ils n'ont pas de regrets. Il n'empêche. Pourtant... Aussi, dès qu'un Varégeois
vient-il à passer l'arme à gauche, ses congénères
de s'interroger sur l'identité des deux autres. Lesquels
de se dire "Pour Untel, c'est pour bientôt. Il a l'âge". "À qui le tour ?",
se demandent-ils, avec appréhension. Avant d'enchaîner
: "N'importe qui, mais surtout pas moi.". C'est ce qu'ils pensent tous et toutes, sans oser le reconnaître tout haut, tant, devant la camarde, il convient de se montrer discret. Afin de ne pas se faire, par elle, remarquer. Et mieux vaut attendre d'être appelé, plutôt que de devancer l'appel - à moins que le bon sens rassis vienne à leur faire défaut (Cela arrive !) Il suffit de voir les regards interrogateurs qu'ils glissent en direction de leurs semblables. Certains n'hésitant pas à se livrer à des calculs d’apothicaire et à des supputations sans nombre. Du genre :"Martin est né en..., cela lui fait donc quatre-vingt dix ans; quel beau mort il pourrait faire !" ou "Dupont est jaune comme un coing, sûr que c'est lui le prochain" ou bien "Bertrand est à l'hôpital, d'ici à ce qu'il en revienne les pieds devant, il n'y a pas loin" ou encore "L'heure n'aurait-elle point sonné pour la Paulette ? Ce serait pour elle, une belle délivrance." Il n'empêche que les femmes,
en matière de survie, ont la faveur des statistiques. Lesquelles,
pour des raisons qu'on ignore, ou qu'on feint d'ignorer - alcool
et tabac notamment -, ont une espérance de vie, nettement
supérieure à celle des hommes. Mais, au risque de se répéter,
une fois la liste du "trinôme des moribonds" close.
En d'autres termes, une fois l'ordre de mobilisation acté
par les autorités d' En-Haut, ceux qui restent peuvent souffler.
Et se vanter de l'avoir échappé belle. Même
s'ils savent qu'ils risquent de faire partie du contingent prochain. Il est vrai, et on l'oublie trop souvent, qu'en nous imposant de vivre, alors qu'on ne nous a pas demandé notre avis - nos parents nous ayant mis devant le fait accompli -, la mort pend au nez de tout un chacun. Aussi, pour le nouveau-né, la naissance est-il un risque à prendre. Puisque, s'il connaît le début de l'histoire, il en connaît la fin. Or les aînés, qui sont d'une rare inconséquence, après tant d'années passées à vivre, finissent par se croire immortels. Que nenni ! Les anciens sont "gens de courte vue". Car, c'est toujours au plus mauvais des moments - celui où ils ne s'y attendent pas -, que la grande faucheuse vient les cueillir à froid. On ne se prépare jamais
assez pour le grand départ. Pour ne pas dire que l'on n'est
jamais prêt ! Même qu' au dernier moment, on se trouve
tout un tas de choses à faire - lesquelles, ne sont que prétextes
à gagner du temps. Comme si la dame en noir avait le temps
d'attendre ! Toutefois, et c'est un peu ennuyeux, il y a toujours un temps-mort avant que ne partent les deux autres. Il s'agit, en effet, d'un temps de latence de deux à trois jours tout au plus. Heureusement d'ailleurs ! Sinon, à la cure, le personnel serait débordé et le cheval qui tire le corbillard, éreinté. C'est qu'il faut laisser à tout ce beau monde la possibilité de "récupérer". Aussi, et par voie de conséquence,
cela constitue-t-il pour la Jeanne, une période de vaches
maigres - brève, certes, mais qui, forcément, nuit
à son porte-monnaie. Et pas seulement au sien. Puisque, de
facto, du fabricant de cercueils au porte-soutane et au fossoyeur,
ce sont les morts qui font vivre les vivants. Malgré tout, et sans oser
le clamer bien haut, les principaux acteurs concernés - ceux
que l'on vient de citer et que la mort entretient -, déplorent
qu'à Varèges plus qu'ailleurs, la longévité
soit de beaucoup supérieure à celle de la moyenne
française. Bien que les départs s'effectuent par trois. En effet, dans la commune, une fois le trinôme parti, il faut attendre des mois et des mois avant que le suivant se décide à faire la culbute. C'est trop. Beaucoup trop. La faute à qui ? À
l'air respiré qui serait meilleur au pays que celui respiré
par les habitants des villages voisins ? Ou au vin qu'ils boivent
et qui serait de bonne facture - une étude hollandaise suffit
à nous en persuader, laquelle a rapporté qu'un verre
de vin par jour permet de vivre trois virgule huit années
de plus par rapport à ceux qui n'en boivent pas et réduit
la clémence sénile de quatre-vingt-cinq pour cent...
? Qu'ajouter d'autre, sinon que toute
profession a ses avantages et ses inconvénients. Il en est
de même pour la Jeanne.
C'est monsieur le curé qui
rédige les faire-part sur papier libre. Parce que la messagère
a parfois la mémoire indigente. Or, il les écrit sur
tout ce qui traîne - feuilles volantes de cahiers, pages de
carnets, morceaux de carton, etc.... Tant il fait profit de tout.
Même qu'un jour où il avait été en manque,
il n'avait pas hésité à utiliser un couvercle
de boîtes à fromage à pâte molle, retourné
côté pile. Ce qui, cette fois-là, en avait mis
plus d'un en joie, lorsque, subitement en proie à une vive
émotion, notre amie avait extrait le couvercle de sa poche,
afin d'y lire la prose du doyen. Et notamment le patronyme de la
défunte, qu'elle était dans l' incapacité de
prononcer. Vu qu'il s'agissait bien d'une défunte. Mais, comme il l'a déjà
été souligné plus haut, "la chargée
de mission" avait le cœur simple. Aussi, en proie à
une défaillance verbale, n'y avait-elle pas vu malice en
exposant aux yeux de tous, son couvercle de "Vache qui rit".
Lors que le prêtre l'avait expressément avertie de
ne sortir son "pense-bête "qu'en toute discrétion".
Étant donnée l'originalité du "support",
dû à la fertile imagination de l’illustrateur
Benjamin Rabier, lequel est tout de rouge teinté et doté
de boucles d'oreilles en forme de boîtes à fromage. Bref ! c'était avec des
sanglots que la Jeanne, avait entrepris de se lancer, après
s'être éclaircie la voix. Mais sans totalement y parvenir.
Aussi déposa-t-elle ledit couvercle de fromage sur la table
de la cuisine. Au pays, tout le monde aimait la
jeune demoiselle. Et pleurs de succéder aux rires. Sa mort
inattendue venant de faire l'effet d'une bombe. Après avoir tiré
deux ou trois sonnettes supplémentaires, elle se demanda
si sa tournée allait pouvoir arriver à son terme,
tant elle était secouée par l'émotion. Terminée la boîte
de fromage. Terminée la plaisanterie. Jeanne était là.
Dans la cuisine. Effondrée sur une chaise. Inconsolable.
Tout en répétant inlassablement :
1. D'où le mot "hell", en anglais, qui signifie "enfer". Celui-ci ayant eu le don de provoquer un coup de fouet. Hélas pour elle ! Ce fut
chez Augustine et Romain Dupond, un couple qui - de notoriété
avérée -, avait une forte propension de ne pas sucer
que des glaçons. Autrement dit, une demeure où jamais
elle n'aurait dû mettre les pieds. Mais, profession oblige,
aucun logis mentionné sur une liste, par la famille du défunt,
ne devait être oublié, quels que soient les mœurs
de ses occupants. Une fois que la propriétaire eût pris connaissance du communiqué, écrit sur la boîte de crème de gruyère de chez Bel, et après l'avoir lu à haute voix au mari, que tous trois se mirent à pleurer de plus belle. Et à se consoler autour d'un verre. Mais, dotée d'une solide
conscience professionnelle, notre amie de se faire violence : Par contre, cette fois, on ne lui
offrit point de la fine, mais de la goutte. Jamais tournée n'avait été
si pénible. Et son affliction avait été si
profonde que même l'alcool avait été incapable
de l'en guérir. Quoi qu'il en soit, pour en revenir à notre amie, celle-ci ne risquait pas de louper la cérémonie funèbre, vu qu'elle était déjà sur place, allongée, et bras en croix qu'elle était, sur le parvis, bordée par des chats qui lui tenaient chaud. Ce qui ne manqua pas de jeter un froid auprès de l'assemblée paroissiale lorsqu'elle la découvrit. Elle avait, en effet, choisi le plus mauvais des moments. Car le pays ne manque pas de délateurs, qui, sans scrupule, n'hésitèrent pas à inciter le curé Georget à prendre, envers elle, d'énergiques mesures punitives.
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